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Moins de sucre, plus de carburant… Où va la betterave ?

La consommation de sucre européenne pourrait diminuer d'ici à dix ans, selon Philippe Goetzmann, expert en consommation et alimentation.

Le débouché alimentaire de la betterave pourrait perdre du terrain en Europe. Le dynamisme des carburants à base d’éthanol dépendra beaucoup des règlementations, plus ou moins favorables, qui seront adoptées.

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« Sur les marchés français et européen, il est assez probable qu’en volume, la consommation de sucre décline. D’ici dix ans, il est possible qu’on puisse nourrir la population française aussi bien qu’aujourd’hui avec 15 % de volumes en moins, estimait Philippe Goetzmann, expert en consommation et alimentation, lors d’une table ronde de l’assemblée générale de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) le 10 décembre 2024. En France, les courbes de mortalité et de natalité se croisent, et sur le Vieux continent la population décroît ». Ce à quoi s’ajoute un vieillissement de la population, qui induit une réduction des besoins caloriques, et une baisse possible du gaspillage.

Débouché alimentaire en déclin

Il y aurait ainsi dans ce scénario, un repli du débouché alimentaire. « Donc soit on est dans un schéma de décroissance de la production en volume, auquel cas il faut réussir à maintenir la valeur, soit il faut exporter davantage, ce qui renvoie vers des questions de compétitivité », observait Philippe Goetzmann, en particulier pour les exports vers les pays tiers. Et du côté européen, le marché est globalement à l’équilibre.

Autre option : alimenter d’autres débouchés, comme celui des carburants. Ce segment absorbe aujourd’hui en France environ 20 à 30 % de la production betteravière, rappelait la journaliste Emmanuelle Ducros, qui animait la table ronde. Sur ce marché, « l’ensemble des régions du monde a des politiques de protection et de soutien. Ces mesures qui, par exemple, influencent le taux d’incorporation d’éthanol dans les carburants, peuvent grandement faire évoluer le marché mondial », soulignait Xavier Astolfi, directeur général de Cristal Union.

Des politiques plus ou moins favorables aux biocarburants

« Aujourd’hui, la filière de l’éthanol est plutôt dans un environnement qui est porteur » en France, estimait quant à lui Pascal Manuelli, directeur réglementation, advocacy et representation chez Total Energies. Elle devrait notamment bénéficier encore un moment de la « dédiésélisation » du parc automobile. « Certes, il y a une part croissante de véhicules électriques dans les ventes de voitures neuves, mais on trouve toujours beaucoup d’hybrides essences », exposait-il.

À l’inverse, certaines réglementations sont moins favorables au secteur. Le possible arrêt du moteur thermique sur les nouvelles voitures en 2035 apporte notamment une ombre au tableau. Certains experts sont « assez optimistes », estime le spécialiste. « Ils pensent que le tout électrique sera compliqué à gérer et qu’il faudra maintenir une alternative. Ce pourrait être des véhicules thermiques roulant au carburant 100 % décarboné. C’est une piste, elle est sur la table, notamment avec de l’E85 100 % renouvelable, mais tout n’est pas encore acté, [et] les règlementations évoluent ».

De même, la production de carburant d’aviation à partir d’éthanol issu de betterave est aujourd’hui techniquement possible mais interdite en Europe pour ne pas concurrencer le débouché alimentaire.

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